Le débourrage est un grand moment dans la vie d’un poulain. Cela marque le début de ses apprentissages des codes pour évoluer aux côtés des humains. Après vous avoir parlé de l’âge pour débourrer un poulain, nous allons nous concentrer dans cet article sur le débourrage en lui-même, ses différentes phases et ce qu’elles contiennent. Le débourrage d’un cheval s’articule en trois grandes phases. Venez les découvrir avec nous !
Le travail à pied : la base du débourrage d’un cheval
Le point de départ du débourrage d’un poulain consiste à créer un lien à pied. Ce sont les bases de l’apprentissage des codes de communication entre humains et chevaux. Vous allez notamment commencer par lui apprendre à être mené en main, l’attache, le pansage et le fait de donner les pieds. Nous partons du principe que l’habituation au licol a déjà été faite, sinon, ce sera bien sûr l’étape numéro 1. Une fois que ces savoirs de bases sont abordés et compris, vous pouvez passer au travail en longe.
Vous allez mettre en place des codes vocaux pour les allures qui vous serviront plus tard pour le travail monté. Mais aussi apprendre à votre cheval à reculer, travailler le contrôle de sa tête, des épaules et des hanches, base indispensable également pour le travail monté. Vous pourrez ensuite approfondir si vous le souhaitez avec d’autres exercices de travail à pied ou du travail en liberté. L’essentiel c’est que votre cheval soit à l’aise avec les savoirs basiques, toujours bien dans ses pattes et sa tête et connecté à vous pour poursuivre ses apprentissages.
La phase d'habituation
Une fois que les bases à pied sont installées, vous pouvez progressivement introduire un élément à la fois (filet, tapis, selle, sangle, étriers, poids sur le dos, cavalier, ….). Attention à bien respecter le rythme du cheval et ne pas brusquer les choses. Veillez à toujours commencer par des exercices qu’il connaît et sait faire puis à introduire une “difficulté” par séance. Si tout se passe bien, avec un objet, vous pourrez insérer un nouvel élément lors de votre prochaine session. N’oubliez pas de travailler le montoir. L’objectif ce n’est pas d’aller le plus vite possible, mais bien que votre cheval accepte l’ensemble du matériel nécessaire pour le futur travail monté.
Au cours de cette phase d’habituation, vous allez aussi effectuer un travail sur l’environnement. C’est-à-dire désensibiliser le cheval à divers objets qu’il peut rencontrer au quotidien (voiture, vélo, tracteur, parapluie, pull, drapeau, …), mais aussi aux mouvements “brusques” proches de lui, et aux bruits (aboiements, musique, …). Bien sûr, ces travail devra être poursuivi et peaufiné. Selon nous, cela fait également partie du débourrage d’un cheval.
Le début du travail monté et l’apprentissage des aides
Votre cheval dispose désormais d’un socle d’apprentissages à pied solide et vous accepte à l’arrêt sur son dos. Vous allez donc pouvoir commencer le travail monté avec l’apprentissage des aides. Les codes vocaux établis à pied vont vous servir pour associer les aides et progressivement gagner en discrétion pour les commandes de base (s’arrêter, tourner, marcher, trotter, galoper).
Une fois que les aides seront comprises par le cheval dans une carrière, vous pourrez les travailler en extérieur. En effet, à l’issue du débourrage, le cheval doit être à l’aise en intérieur comme en extérieur aux trois allures et bien répondre aux différentes aides de base seul ou avec un autre cheval (ou plusieurs).
Le rôle de la jument dans le débourrage du poulain
La jument joue un rôle essentiel dans l’apprentissage du poulain. Celui-ci va en effet beaucoup apprendre par imitation du comportement et des interactions de sa mère avec les autres chevaux et les autres espèces. Dans le cas où le poulain n’aurait malheureusement plus sa maman, l’exemple d’un cheval bien codé peut lui fournir une aide précieuse dans ses apprentissages. Ce qui forme une base solide pour aider le poulain à aborder les différentes phases de son débourrage.
Mais avant de penser au débourrage du cheval, il y a l’étape du sevrage. Ce moment est généralement difficile pour le poulain. La plupart du temps, le poulain est séparé de sa maman autour de ses 6 mois (parfois avant). On parle de séparation brutale ou franche puisque le poulain change d’environnement et ne sera pas remis au contact de sa mère. C’est la méthode majoritairement utilisée mais ce n’est pas la seule qui existe et pas forcément la meilleure.
Séparation franche ou sevrage progressif : quelle méthode privilégier pour un poulain ?
La séparation brutale de la jument et de son poulain reste un évènement inattendu et particulièrement stressant pour les deux animaux. Cela impacte la vie du poulain et peut laisser des traces qui le suivront tout au long de sa vie (stéréotypies, stress, anxiété de séparation, …). Cette méthode est perpétuée non pas pour préserver le bien-être physique et mental du poulain mais plutôt par habitude et pour son côté pratique d’un point de vue humain.
Certains éleveurs privilégient donc des méthodes de sevrage progressif qui se basent sur le sevrage naturel d’un poulain à l’état sauvage. Celui-ci s’opère autour des 9 mois du poulain. En réalité, il s’agit uniquement du sevrage alimentaire. Car, dans la nature, le poulain reste aux côtés de sa mère et de son troupeau. Ce n’est donc pas véritablement une séparation franche, il n’y a pas réellement de sevrage affectif. À l’état domestique, on peut trouver un juste milieu entre la méthode franche et le sevrage naturel, cela s’appelle le sevrage progressif.
Le sevrage progressif
Les méthodes progressives sont un bon moyen pour adoucir le moment de séparation entre la jument et son poulain. À moins d’avoir un seul poulain par an, leur mise en place dans les élevages demande peu d’adaptation. En effet, le sevrage progressif consiste à éloigner le poulain de sa mère comme son nom l’indique : de manière progressive. C’est-à-dire d’abord quelques minutes tout en leur permettant de se voir et se sentir (dans deux boxes voisins par exemple), puis le temps d’une journée au pré avec d’autres juments et chevaux plus âgés, et ce jusqu’au débourrage du jeune cheval.
Comme nous l’avons vu, la maman (ou un autre équidé référent s’il n’y a plus de maman) a un rôle prépondérant dans l’apprentissage du poulain. Cela constitue des bases de débourrage solides, tout en ayant un jeune cheval bien dans ses pattes et dans sa tête pour avancer dans sa vie. Et c’est tout ce qui compte !
On résume les étapes du débourrage du cheval ?
Le type de sevrage du poulain et la présence de sa mère lors de son débourrage vont jouer un rôle essentiel dans la vie du futur cheval. En effet, le rôle de la jument va au-delà de celui qu’on lui accorde généralement jusqu’au sevrage artificiel de son poulain. Elle facilite les apprentissages de son petit en lui montrant l’exemple. Le cheval apprend alors plus vite que s’il avait commencé son débourrage uniquement avec un humain. Il ose aussi davantage de choses au cours des séances.
Sa maman, ou un pair bien codé avec qui le poulain entretient une bonne relation, offre une aide précieuse dans chacune des étapes de son apprentissage, en particulier dans la phase numéro 2. Le débourrage d’un cheval se compose de trois phases :
- l’apprentissage des codes de base à pied (👋🏻 le travail à pied avec un cheval),
- la phase d’habituation et de désensibilisation,
- et l’apprentissage des aides en selle en carrière et à l’extérieur.
Vous avez désormais la recette. Mais en pratique, les choses se corsent parfois. N’hésitez pas à solliciter l’aide d’un professionnel. Il est toujours plus “facile” de construire que de déconstruire une habitude ou de se libérer d’une peur. Dans tous les cas, prenez votre temps, ne pressez pas les étapes. Calez-vous sur le rythme d’apprentissage de votre cheval. Il vous le rendra au centuple par la suite, rien de tel que des bases solides pour commencer un entraînement approfondi dans une ou plusieurs disciplines équestres !
Crédits photos : Chevalpassion.fr
